Quelques jours après la célébration de la journée mondiale de l’eau, des questions s’imposent : quel est son contexte national et quel est le rôle de la femme quant à sa gestion? Analysons donc!
La question de l’eau est d’une grande préoccupation dans les pays de l’Afrique de l’Ouest et plus particulièrement dans ceux sahéliens. Etant une ressource précieuse, sa gestion durable constitue un impératif national.
La distribution déséquilibrée des réserves mondiales en eau douce, les demandes croissantes et concurrentes pour ces réserves nécessitent qu’elles soient gérées avec plus de sagesse et d’intelligence. Ce faisant, l’implication des femmes dans l’accès et la gestion de cette ressource doit être indispensable, d‘autant plus qu’elles constituent la moitié de la population du monde. D’ailleurs, celles-ci sont les gardiennes des enfants, de la santé et du bien-être de la famille, et sont donc fréquemment les administratrices de l’eau.
Ainsi, dans un monde en développement où plusieurs familles manquent encore d’eau potable et d’assainissement adéquat, les femmes ont une partition inlassable à jouer.
- La mise en valeur des ressources en Eau
Puisqu’il n’y a pas de développement sans eau, l’agenda international a souligné la question de l’eau comme un axe prioritaire. En effet, lors d’une Conférence des Nations Unies depuis 1996, les Etats membres ont adopté des programmes réalistes afin d’offrir une qualité et quantité d’eau aux zones urbaines et rurales…[1]
L’intérêt et les préoccupations pour l’approvisionnement, la gestion de l’eau sont bien fondés. Des facteurs tels que la croissance démographique (taux de natalité en hausse), l’urbanisation (expansion des industries…), influent sur la pression des ressources en eau douce, ce qui accroit les défis pour approvisionner les populations.
2.Le rôle de la femme
Les ressources en eau sont gérées et mises en valeur par les Hommes pour les Hommes.. Mais, force est de constater que le pouvoir et les intérêts des personnes impliquées et concernées ne sont pas les mêmes. En effet, différentes catégories de personnes[2] ont un contrôle et des intérêts différents dans l’utilisation de l’eau selon que l’on se trouve en campagne, en ville[3].
Dans ce sens, vers la fin des années 1970 et au début des années 1980, les femmes ont commencées à être reconnues comme « acteurs et administrateurs naturels de l’eau ». Il a même été démontré que l’implication des femmes dans la planification et la gestion de l’eau, génère des avantages pour le développement en général, les ménages et pour les femmes elles-mêmes.
Il est évident que l’intégration et l’union des femmes est nécessaire dans le processus de prises de décisions relatives aux ressources matérielles et non matérielles qui leurs sont essentielles.
Cette approche tend à responsabiliser les femmes à changer de comportement domestique dans la gestion de l’eau d’où s’en suivront hygiène, santé, nutrition.
Dans la vie active traditionnelle, les femmes s’occupent à chercher de l’eau nécessaire pour le ménage. Par conséquent dans les régions où l’accès à l’eau est difficile, les petites filles sont régulièrement privées d’éducation car leurs mères ont besoin d’elles pour aller chercher de l’eau pendant la journée.
3.La gouvernance de l’eau et son contexte national au Burkina Faso
La gouvernance de l’eau se réfère aux arrangements politiques, économiques, sociaux et administratifs mis en place pour développer et gérer les ressources en eau et fournir des services à différents niveaux de la société[4]. Le Burkina Faso[5] s’est engagé dans le processus de recherche d’une méthode efficace de gestion de ses ressources en Eau dont l’aboutissement de la réflexion avait conduit à l’adoption d’un Plan d’action de gestion intégrée des ressources en eau (PAGIRE)[6]. Pour la mise en œuvre du PAGIRE, il a été créé cinq (05) agences de l’eau dont celle du Nakambé en 2007, celles du Mouhoun et des Cascades en 2010, celles du Gourma et du Liptako en 2011.
D’un point de vue hydrologique, le territoire burkinabè est à cheval sur trois bassins[7] versants internationaux que sont le Bassin de la Comoé, le Bassin de la Volta et celui du Niger. Au plan national, l’on distingue quatre bassins versants qui sont le Bassin du Niger, celui du Nakambé, celui du Mouhoun et celui de la Comoé.
La constitution du Burkina en son article 14 dispose que « Les richesses et les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration des conditions de vie ». Dès lors, l’on constate que l’eau est un élément du patrimoine commun de la Nation, elle fait partie du domaine public[8].
D’où la gestion des ressources en eau implique sans conteste des règles d’ordre public : étant un besoin vital pour les Hommes et leurs activités économiques, l’eau relève donc par excellence de l’action publique et de l’action citoyenne[9].
Pour faire face aux situations de pénurie, le pays a mis en place une gestion intégrée des ressources (GIRE)[10] avec un plan d’action basé sur le partage équitable entre les usagers, l’association de tous les acteurs aux prises de décisions, une utilisation équilibrée et durable de l’eau.
4.Voici quelques textes juridiques dont des dispositions sont relatives à l’eau
- Loi n°002-2001/AN portant loi d’orientation relative à la gestion de l’eau, qui a pour but d’assurer l’alimentation en eau potable de la population, de préserver et restaurer la qualité des eaux, de faire face aux nécessités de la salubrité publique, de la sécurité civile et aux problèmes posés par les inondations…
- La loi n°55-2004/AN portant Code général des collectivités territoriales au Burkina Faso révisé en 2009 comporte d’importantes dispositions relatives à l’eau. Pour opérationnaliser les compétences des communes en matière d’eau, un décret a été adopté en 2009 celui n°2009-107/PRES/PM/MATDS/MAHRH/MEF/MFPRE du 03 mars 2009 portant transfert des compétences et ressources de l’Etat aux communes, dans l’approvisionnement en eau potable et de l’assainissement[11].
- La loi n°06-2013/AN du 02 avril 2013 portant Code de l’environnement au BF détermine les principes applicables à l’environnement et aux ressources naturelles dont les ressources en eau (voir article 47 à 94).
- Loi n°022-2005/AN du 24 mai 2005 portant Code de l’hygiène publique au BF qui a pour objectif principal de préserver et promouvoir la santé publique, dont l’assainissement des eaux usées et excréta (voir article 28 pour plus de détails)
- La loi n°23/94/ADP portant Code de la Santé publique impose la construction d’égouts, de fosses septiques pour l’évacuation des eaux pluviales, ménagères et industrielles (Voir les articles 52, 53)
la loi n°012-2010/AN du 1er avril 2010, portant protection et promotion des droits des personnes handicapées qui exige l’aménagement d’infrastructures facilitant l’accès aux Personnes en situation de Handicap pour leurs besoins d’assainissement.
Précisons qu’il n’existe pas de contradiction entre ces divers documents, et que la liste n’est pas exhaustive.
Il Ya également des organes de contrôle qui ont des rôles spécifiques en matière de gestion de l’eau[12].
Au final, notons que sur le plan mondial, 2,1 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des services d’eau potable sûrs. Quant au Burkina, l’Office National de L’Eau et de l’Assainissement est en charge de la gestion et de l’assainissement de l’eau dans les centres urbains. Par ailleurs, plus 90% des personnes qui utilisent l’eau impropre à la consommation vivent dans les quartiers non lotis[13]. L’approvisionnement en eau potable en milieu urbain et semi-urbain est assuré principalement par des puits modernes, forages et bornes fontaines. Au 31 décembre 2015, on dénombre plus de 58 000 points d’eau modernes. La réalisation de ces ouvrages a permis de faire passer le taux d’accès à l’eau potable de 52% à 65% en milieu rural.
En dépit du progrès considérable, de grands défis restent toujours à relever sur le territoire afin de palier au besoin en eau des populations surtout dans les campagnes.
OLIDI
Crédit Photo: google
[1] IRC, Le genre dans la gestion des ressources en Eau, l’approvisionnement en Eau et Assainissement 2005, page 15.
[2] Les hommes, les femmes, les administrateurs de société, les industriels, les paysans riches et pauvres, les usagers domestiques.
[3] Agriculture, travaux domestiques, activités commerciales, industrielles, évacuation des déchets industriels…
[4] Evaluation de la gouvernance de l’eau au Burkina Faso, page 8, publié par Global Water Partnership
[5] Pays sahélien au cœur de l’Afrique occidentale, situé à l’intérieur de la boucle du Niger. Le pays couvre une superficie de 274.000 km2, découpé en 13 régions administratives qui se subdivisent en 45 provinces, qui elles comportent 349 départements.
[6] Il est organisé en des domaines d’action : environnement, éducation, sensibilisation, plaidoyer, cadre institutionnel, mesure d’urgence.
[7] Construction, instrument destiné à recevoir de l’eau.
[8] Il s’agit des cours d’eau, des lacs naturels ou artificiels, des étangs, des mares, les eaux souterraines, l’eau atmosphérique, les puits, abreuvoirs, les digues, barrages, canalisations, canaux d’irrigation…
[9][9] Son organisation, sa gestion doit être l’apanage de l’autorité étatique.
[10] La GIRE se caractérise par l’intégration des aspects quantitatifs et qualitatifs des ressources en eau
[11] Ce décret est en cours de révision.
[12] Voir le rapport intitulé ‘‘Vers une gestion intégrée des ressources en eau au BF’’ page 24 et suivants
[13] Article association des Blogueurs du Burkina 23 mars 2019
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