Il y a une année de cela, précisément dans le mois de septembre, que nous, équipes de trois (03) jeunes dames, étions en partance pour Paris. Un voyage rempli de défis, de stress, de pressions, mais inoubliable ! Aujourd’hui, bien que la date d’anniversaire de ce beau souvenir est passée, et en dépit des épreuves que je traverse depuis février 2020, je tiens à faire une pause pour me remémorer les bienfaits passés, et être reconnaissante à toutes ces personnes par lesquelles je les ai obtenus, mais plus à Dieu! Car dit-on, dans les moments les plus sombres de nos vies, regarder en arrière, nous aide à voir que les choses n’ont pas toujours été tragiques, et garder ainsi, une lueur d’espoir pour l’avenir.

Eh oui, sacrée année 2020 ! même le monde entier en a été secoué. Une succession d’évènements très douloureux pour moi. Pleurs, incompréhensions, questions sans réponses, attentes non comblées, sont les mots qui m’ont animé. En effet, j’ai perdu deux êtres chers, en l’espace de cinq (05) mois d’intervalle : mon grand-frère le 29 février 2020, puis mon Père le 28 juillet 2020. C’est déstabilisant physiquement et moralement. Or, tout semblait être bien parti pour l’année.

En début janvier, je venais d’obtenir une bourse pour faire un master II en Droit international et droits de l’homme, dans un Institut international à Ouagadougou. Quoi de plus réjouissant, après quatre (04) ans d’arrêt d’étude, depuis 2016 où j’ai obtenu ma Maîtrise (Master 1). J’étais très enthousiaste à l’idée de reprendre mes études, surtout que j’aspirais achever mon cursus académique dans cette université, eu égard à la qualité des enseignements dispensés, et au caractère international de leurs diplômes. La rentrée étant prévue pour le 01 février 2020, je devais donc quitter ma ville natale Bobo-Dioulasso où je résidais, pour rejoindre Ouagadougou. Arrivée, je m’installai chez mon frère ainé, qui y résidait, pour des raisons professionnelles. L’idée était de rester chez lui, en attendant de trouver un local à louer plus proche de mon université. Mais, très vite, mon engouement sera freiné : mon frère, tombe malade. Vivant seul, il venait de se fiancer en fin décembre 2019, et le mariage prévu pour avril 2020, n’aura malheureusement jamais lieu.

Début des épreuves
Avant de commencer les cours du Master 2, je participai du 03 au 08 février 2020 à une formation délocalisée, organisée par une fondation française de Droit international. Bonne aubaine, car j’allais acquérir des connaissances renforcées sur le Droit international et les droits de l’homme, spécialité du Master 2 que je devais entamer.

Très vite, je devais apprendre à jongler entre : vivre avec une personne souffrante, suivre la formation, tout en attendant que les cours à l’Institut soient programmés la semaine après ladite formation. Anxieuse et mal au point, je devais m’efforcer de rester forte, mon frère avait besoin d’une chose : l’encouragement, plutôt que l’apitoiement. Extérioriser mon état émotionnel, ne lui serait absolument pas bénéfique. Ainsi, les matins, je me rendais à la formation de 08h à 16h. Inutile de préciser que la concentration était absente, mes pensées étaient à la maison. De temps à autres, je m’éclipsais de la salle, pour passer un coup de fil rapide pour savoir comment les choses évoluaient, s’il avait mangé, s’il avait pu trouver le sommeil… Fort heureusement, la fiancée de mon frère était à ses côtés. Grand soulagement pour moi, car je pouvais ainsi vaquer à mes occupations académiques.

Les jours passaient, son état de santé était clopin-clopant. Les cours à l’Institut pour le master 2 furent enfin programmés pour le 05 février. Mais comme j’avais déjà déboursé des frais pour la formation délocalisée, l’idéal était de l’achever. J’ai donc raté trois jours de cours à l’Institut (du mercredi 05 au vendredi 07 février). Le samedi 08 Février la formation s’acheva par une cérémonie de clôture, je pouvais me concentrer sur le but principal de mon déménagement à Ouaga. D’ailleurs, une évaluation, de la matière que j’avais raté, était prévue pour se tenir le lundi 10 février. Le dimanche 09 février, je sollicitai le support du cours en question, afin de me mettre à jour. Quelle pression!

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Deux situations lourdes à gérer

Mitigée entre la peur et la confiance, je méditais beaucoup sur la situation que nous vivions avec mon frère. Se rétablirait-t-il ? comment les choses allaient-elles se dérouler ? Et Papa, lui qui souffre, d’une hémiplégie gauche due à un Accident cardio-vasculaire (AVC) depuis le 08 juillet 2019, comment et quand se lèverait-t-il de son fauteuil roulant ? Et ma mère, arrivait-elle à tenir le coup avec mes autres frères à Bobo-Dioulasso, lieu où se trouve le domicile familial ? Pourquoi tout ceci nous arrive ? Et moi, mon année de master 2… ? Bref, j’étais dans une détresse émotionnelle sans précédents. C’est en ces moments qu’on se pose mille et une question. Ces moments où on a franchi la ligne rouge de l’instabilité émotionnelle, où facilement, l’on peut sombrer dans la dépression, avec son lot de conséquences : pessimisme, insomnies, manque d’appétit, saut d’humeurs, perte de poids, regard fade, incapacité de bien se concentrer.

Néanmoins, au-delà de l’incertitude qui me hantait, pour moi, mon père et mon frère se rétabliraient, la vie suivrait son cours normal. J’étais loin d’imaginer qu’ils étaient, tous deux, à la dernière année de leurs vies sur terre. Le second, plein de projets en cours d’exécution, devait fêter son 40ième anniversaire le 26 avril. Il était aimable, généreux, toujours prompt à présenter des excuses. Pour anecdote, c’est lui qui m’avait appris à lire l’horloge dès le bas âge, et me surnommait affectueusement “p’tite sœur chérie“.

Encore une autre formation !

Dans la semaine 17 au 22 février 2020, il n’y avait pas cours à l’Institut, et j’avais encore été retenue pour une autre formation organisée par la même fondation, René Cassin. La thématique m’intéressait, sauf que cette fois, elle devait se dérouler à Bamako au Mali. Eu égards à l’état de santé délicat de mon frère, après réflexion, je renonçai de m’y rendre, et je ne pris pas le bus. Chose que j’ai pris le soin de lui expliquer, mais, il n’approuva pas mon refus, car disait-il : « je ne suis pas sur le point de mourir. Ne gâche pas tes opportunités à cause de moi. Vas-y, tu ne sais pas pourquoi tu as été retenue pour cette formation ». Ses propos me rassurèrent, et le connaissant, je n’avais d’autres choix, que d’obéir. Je me rendis donc à Bamako le lundi 17 matin.

Arrivée avec un jour de retard, je pris la formation en cours. Celle-ci fut intense. 08h à 17h chaque jour. Durant mon séjour, je communiquais constamment avec ma mère, afin d’avoir les différentes nouvelles. Tout semblait bien se passer. La formation s’acheva par une très belle clôture au siège du Conseil Constitutionnel du Mali, puis je repris la route du retour le dimanche 23 février de bonne heure. J’étais super contente à l’idée de revoir la famille, surtout mon père, que je n’avais plus revu depuis mon déménagement à Ouaga. Pour cela, je fis une escale de plusieurs jours à Bobo-Dioulasso. Comme si la nature m’était favorable, il n’y avait pas de modules de cours programmés à l’Institut pendant que je suivais la formation à Bamako, et la nouvelle semaine qui s’annonçait juste après, était également libre. Séjour qui sera très vite écourté par un appel urgent de Ouagadougou, pour nous informer que mon frère était très faible, et qu’il lui fallait une hospitalisation. Ma mère ne pouvant pas s’y rendre car étant auprès de papa pour ses petits soins, je devais donc remonter très vite à la capitale. Le trajet fut stressant pour moi, car je ne savais pas ce qui m’attendait là-bas. Je me posais mille et une question : comment est-il, que se passait-t-il encore, oh pourquoi tant d’épreuves ? quand tout cela finirait-il ? J’en étais à bout ! or, il me fallait une fois de plus affronter la réalité.

La suite et fin de ce chapitre I très prochainement.

OLIDI

Crédit photo: pixabay et istockphoto

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