Le Burkina Faso, pays des Hommes intègres, composé d’une population de plus de 19 millions d’habitants, à l’instar de bons nombres d’Etats africains et même du monde, est confronté à une situation sécuritaire précaire

En effet, depuis quelques années le pays est en proie aux attaques terroristes qui affectent sa stabilité sociale, économique et institutionnelle, générant ainsi des conséquences sanitaires et humanitaires désastreuses. Cette crise n’est pas sans impact négatif sur les femmes. Celles-ci ne sont pas épargnées par les terroristes qui n’hésitent plus à les attaquer ou à les utiliser[1]. Malheureusement, on les retrouve en première ligne, à la fois victimes et actrices de ce fléau. Face à un tel défi, des initiatives locales, nationales et même internationales sont nécessaires, et ont été prises pour favoriser l’inclusion des femmes dans le processus de pacification.

L’apport de la femme dans le maintien de la paix.

Dans les sociétés traditionnelles africaines, le plus souvent patriarcales, le rôle des femmes était assez limité à la sphère domestique[2]. Cette limitation n’a pas empêché les femmes africaines et même les acteurs internationaux de prendre conscience du rôle positif qu’elles peuvent Jouer. A titre illustratif, réunies le 20 mai 1999 à Zanzibar à l’occasion de la conférence panafricaine des Femmes pour une culture de la paix, les femmes de plusieurs états africains, ont déclarées regretter : « que les négociations de paix soient uniquement l’apanage masculin, ignorant les efforts et initiatives féminines en faveur de la résolution des conflits et de la promotion de la paix sur le continent ». Elles estiment que même si leur rôle est peut-être moins visible, elles participent dans le processus de prise de décision car les hommes quand ils doivent trancher, prennent d’abord et généralement conseils de leur épouse. Celles-ci ayant un pouvoir considérable dans le bon fonctionnement de la société, jouent un rôle déterminant dans l’atténuation voire l’éradication des conflits familiaux. Elles facilitent la communication et les négociations.

Pourquoi impliquer les femmes dans le processus de paix ?

Au regard de sa fonction de médiatrice au sein des familles, la femme contribue à l’union de celles-ci, et joue le rôle crucial dans l’éducation des enfants, futurs adultes de demain. Elles peuvent être de véritables passerelles entre les communautés pour cultiver la paix. 

La communauté internationale a reconnue sa grande importance, d’où l’adoption le 31 octobre 2000, d’une résolution 1325 dénommée « femmes, paix et sécurité », par le conseil de sécurité des Nations Unies[3], dans l’objectif de les faire participer dans des conditions d’égalité avec les hommes au règlement des conflits. Pour ce faire, un plan d’appui majeur a été mis en place au niveau sous régional afin de promouvoir une paix durable dans la région du Sahel en Afrique, et autonomiser les femmes et les jeunes. Car,  l’on a constaté que la pauvreté, les difficultés d’accès à un emploi décent et aux ressources de base, le sentiment d’injustice et d’abandon des autorités sont à la base des groupes radicaux[4].

Aussi, depuis l’entrée en vigueur de la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples en 1986 et le remplacement de l’Organisation de l’unité africaine OUA par l’union Africaine en 2002, des efforts sont déployés pour valoriser leur l’apport qualitatif [5]. Le Burkina Faso, a adhéré à cet engagement international. Et la présence des femmes a été renforcée dans le G5 sahel[6] par la création d’une plateforme regroupant une cinquantaine d’organisations féminines.

Le succès des entreprises en faveur de la sécurité doit être le fruit d’une synergie d’action entre les hommes et les femmes ! Les femmes doivent donc être impliquées dans ce combat[7]. Pour instaurer la paix durable, nous avons besoin de leurs voix. Tout comme il ne peut avoir de développement durable sans autonomisation des femmes, “sans la femme, nous ne parviendrons jamais à la paix“[8].

Après cette ébauche, nous aborderons dans la seconde partie dans l’article suivant.

OLIDI

Crédit Photo: AfricanWomen


[1] Il y a quelques mois les forces de l’ordre burkinabées ont arrêté un groupe de femmes en possessions d’engins explosifs sur la route de Ouayigouya et Ouagadougou www.lemonde.fr

[2] Article de Aminata Sissoko directrice du programme Afrique de l’Institut Open Diplomacy.

[3] Il y a sept résolutions du Conseil de sécurité qui appuient celle 1325 : les résolutions 1820, 1888, 1889, 1960, 2106, 2122 et 2242.  Et d’autres documents de référence dont la Recommandation Générale n°30 sur les femmes dans la prévention du conflit et des situations d’après conflits.

[4] Ce plan met l’accent sur des domaines clés dont la coopération transfrontalière et l’autonomisation des femmes….

[5] Les mesures significatives sont prises : formations à la médiation, la nomination de celles-ci en tant qu’envoyées ou représentantes spéciales de l’Organisation africaine (exemple de Bineta Diop envoyée spéciale de la présidente de la commission africaine  de l’Union Africaine pour les femmes , la paix et la sécurité), prix Nobel de la paix décernés aux femmes militants en faveur de la sécurité et de la paix (La Kenyane Wangari Maathai en 2004, Ellen Johnson Sirleaf en 2011….)

[6] Organisations régionale regroupant cinq pays du Sahel que sont le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Tchad.  Il a pour mission de sécuriser et de développer la région du Sahel afin qu’elle soit un espace de paix, socialement et culturellement riche. Il mutualise les efforts de tous ces états pour réaliser la vision commune.

[7] Propos de Marie IlBoudo Marchal, ministre de la femme (Burkina)

[8]Mme Coulidiaty coordonnatrice régionale de la plateforme des femmes du G5Sahel.

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