Lors de la 26ie édition du Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou (FESPACO), deux comédiennes Burkinabè, à la suite des révélations des agressions et harcèlement sexuelles dont elles ont été victimes par des réalisateurs, décident de lancer le mouvement #Même pas peur, afin d’amener les victimes sexuelles à parler.

« Il m’a agressé avec un tesson de bouteille, il m’a déchiré le visage“ affirme l’une d’entre elles, en pleure[1]. Et l’autre de son côté, de déclarer « Il est temps que je parle…, je n’ai pas pu le faire avant les mots étaient trop douloureux…, je veux que mon drame serve à aider ceux qui ont encore les mots coincés dans leur douleur… ».

Ces événements illustrent le défi majeur auquel sont confrontées les femmes et jeunes filles du Burkina: le harcèlement, l’agression et les violences basées sur le genre. De plus en plus victimes, elles n’hésitent pas à dénoncer les abus auxquels elles sont confrontées. En effet depuis l’affaire du producteur international d’Hollywood accusé en octobre 2017 d’abus sexuels par plusieurs actrices, des cascades de dénonciations s’en sont suivies. Grâce au courage d’une seule femme qui a osé sortir du silence, plusieurs ont pu briser les leurs.

Contexte

La recrudescence des violences et harcèlements en milieu professionnel requiert que l’on y regarde de très près.  Il ressort de la scène internationale, le besoin de faire parvenir les femmes à un plein emploi productif. Mettre fins à toutes formes de discriminations, violences dont elles seraient victimes y compris l’exploitation, l’agression sexuel et abus de tout genre, s’avèrent nécessaire[2].  La nature de la violence et du harcèlement, les causes et effets, les mesures à prendre pour les endiguer, sont des réflexions importantes à mener.

 

Comment se manifeste ces violences ? 

Les violences faites aux femmes et aux filles se manifestent sous différentes formes en milieu socioculturel, politique, économique et peuvent être: physique (bousculades, gifles, coups et blessures , étranglement, brûlures, viol, attentat à la pudeur, pratiques sexuelles non voulues, gavage… ), institutionnelle (lévirat, mariages forcés ou précoces, troc de femmes, séquestrations, rapt, l’excision…), psychologique (insultes, menaces, jalousie, possessivité, isolement , harcèlement etc)

Qu’est ce que le harcèlement ?

Le harcèlement est défini comme une conduite abusive qui par des gestes, comportements, attitudes répétées ou systématiques vise à dégrader les conditions de vie et/ de travail d’une personne. Ces pratiques sont susceptibles de causer des troubles psychiques ou physiques mettant en danger la stabilité, l’épanouissement et la santé de la victime. IL peut être moral ou sexuel.

Le code du travail burkinabè de 2008 interdit le harcèlement sexuel dans le cadre des relations de travail en son article 37. Et l’article 11 de la loi 061-2014/CNT portant prévention, répression et réparation des violences à l’égard des femmes et jeunes filles et prise en charge des victimes, qualifie de coupable de harcèlement sexuel quiconque impose de façon répétée à une femme ou une fille, des propos ou agissements à connotation sexuelle, qui portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.

Est assimilé au harcèlement sexuel, le fait d’user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle que celui-ci soit recherché au profit de l’auteur des faits ou au profit d’un tiers.

Au Burkina, bons nombres de fonctionnaires sont victimes d’abus de pouvoir de la part de leur supérieur hiérarchique, qui n‘hésitent pas à user de méthodes malsaines pour assujettir et intimider leurs victimes[3].

Une étude a démontrée que sur 279 personnes interrogées, 202 ont reconnu avoir été victimes de harcèlement dans le milieu du travail.

La différence entre le harcèlement sexuel et la »drague »?

Un tableau illustratif permet de mieux faire la distinction 


Exprimer poliment, dans un contexte adapté, son envie de connaitre une personne ou de la revoir, et respecter son éventuelle refus. Drague


Siffler une personne, n’importe où, : au Parlement, au travail, dans la rue, dans les transports etc… HARCÈLEMENT


Faire un commentaire sur le physique ou la tenue d’une personne qui n’a rien demandé ou qu’on ne connaît pas. HARCÈLEMENT


Insister après un refus ou une absence de réponse. HARCÈLEMENT


Prendre le refus d’une personne pour de la timidité. HARCÈLEMENT


Suivre ou imposer sa présence à une personne qui ne répond pas ou exprime son refus d’échanger.  HARCÈLEMENT


Envoyer des SMS sexuels à une personne qui n’a pas consenti à ce jeu. HARCÈLEMENT


User de sa position pour obtenir des faveurs. HARCÈLEMENT


Menacer une personne pour qu’elle accepte des avances. HARCÈLEMENT


Toucher, pincer les fesses, les seins en dehors d’un rapport mutuellement consenti. AGRESSION


Embrasser une personne par surprise ou contre son gré. AGRESSION


Plaquer une femme contre un mur par surprise ou contre son gré en dehors de tout rapport consenti. AGRESSION

 

Quels conseils en cas d’harcèlement?

Ne pas se taire,se confier à l’employeur s’il n’est pas lui même l’auteur des faits afin de lui expliquer la situation, s’adresser au représentant du personnel de votre entreprise (les délégués du personnel), contacter l’inspecteur du travail, s’orienter vers un avocat qui vous accompagnera dans les démarches judiciaires, recourir aux associations de défenses et d’aides aux femmes, porter plainte.

OLIDI

Tableau: www.aufildutravail.blog4ever.com

 


[1] https://www.france24.com 

[2]objectif 5 du Programme 2030 ressortie lors de la conférence internationale du travail sur la violence contre les femmes et hommes dans le monde du travail.  (Voir Déclaration de Philadelphie sur les buts et objectifs de l’organisation internationale du travail).  

[3] www.lefasonet.bf

(Visited 101 times, 1 visits today)